This article is from the source 'guardian' and was first published or seen on . It last changed over 40 days ago and won't be checked again for changes.
You can find the current article at its original source at http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/sep/11/new-generation-senegal-oral-culture
The article has changed 3 times. There is an RSS feed of changes available.
Version 0 | Version 1 |
---|---|
Une nouvelle génération perpétue la culture orale du Sénégal | Une nouvelle génération perpétue la culture orale du Sénégal |
(35 minutes later) | |
Au début des années 70 mon père, Boubacar Diamanka dit Kanta Lombi, un Peul du Fouladou, a quitté le Sénégal une semaine avant ma naissance pour la France en tant que clandestin et sauver notre famille de la pauvreté. Etant donné qu’à cette époque là | Au début des années 70 mon père, Boubacar Diamanka dit Kanta Lombi, un Peul du Fouladou, a quitté le Sénégal une semaine avant ma naissance pour la France en tant que clandestin et sauver notre famille de la pauvreté. Etant donné qu’à cette époque là |
mes parents ne savaient ni lire ni écrire, toute leur correspondance amoureuse s’est faite à travers des cassettes audio interposées, sur lesquelles ils s’enregistraient avant de les confier à un voyageur proche de notre famille qui partait pour la France ou pour le Sénégal. | mes parents ne savaient ni lire ni écrire, toute leur correspondance amoureuse s’est faite à travers des cassettes audio interposées, sur lesquelles ils s’enregistraient avant de les confier à un voyageur proche de notre famille qui partait pour la France ou pour le Sénégal. |
Related: The written language is helping to preserve our oral culture | Souleymane Diamanka | |
Mon père a entendu mes premiers pleurs de nouveau né sur une de ces cassettes (Cassettes que j’ai retrouvé et que j’ai toujours en ma possession). Je me souviens aussi d’une cassette où mon père demande à ma mère de se rapprocher du haut-parleur du magnétophone pour qu’il l’embrasse, comme si un baiser pouvait traverser l’océan. A la différence de la simple lettre, dans les cassettes il y a le ton que l’on donne aux mots, il y a les sourires, les silences, il y a le souffle de celui ou celle qui parle… Il y a la vie. | Mon père a entendu mes premiers pleurs de nouveau né sur une de ces cassettes (Cassettes que j’ai retrouvé et que j’ai toujours en ma possession). Je me souviens aussi d’une cassette où mon père demande à ma mère de se rapprocher du haut-parleur du magnétophone pour qu’il l’embrasse, comme si un baiser pouvait traverser l’océan. A la différence de la simple lettre, dans les cassettes il y a le ton que l’on donne aux mots, il y a les sourires, les silences, il y a le souffle de celui ou celle qui parle… Il y a la vie. |
J’avais deux ans quand nous avons rejoint mon père à Bordeaux, où le rôle des cassettes audio et vidéo s’est transformé en un mode clé de la transmission de la culture et l’éducation peule entre la France et le Sénégal. Mes parents auraient aimé que mes six frères et soeurs et moi aient la même éducation que dans leur village natal mais comme dit le proverbe “Quand la musique change, la danse doit s’adapter”, ils se sont donc adapté à cette nouvelle musique qui rythme leur quotidien dans la région bordelaise et ils ont du adapter la danse de l’éducation qu’il voulait transmettre à leurs enfants. | J’avais deux ans quand nous avons rejoint mon père à Bordeaux, où le rôle des cassettes audio et vidéo s’est transformé en un mode clé de la transmission de la culture et l’éducation peule entre la France et le Sénégal. Mes parents auraient aimé que mes six frères et soeurs et moi aient la même éducation que dans leur village natal mais comme dit le proverbe “Quand la musique change, la danse doit s’adapter”, ils se sont donc adapté à cette nouvelle musique qui rythme leur quotidien dans la région bordelaise et ils ont du adapter la danse de l’éducation qu’il voulait transmettre à leurs enfants. |
La culture orale peule coule alors dans mes veines et dans ma voix depuis ma plus tendre enfance. J’ai été bercé par ses proverbes et ses aphorismes, ses contes et ses dictons. Très tôt mes textes de Rap et de Spoken Word se sont inspirés de cette parole, de ces proverbes riches de sens et de chance, ces aphorismes qui font que les peuls n’ont pas de pays mais ils ont une culture forte qui s’adapte à tous les environnements et reste presque intacte à travers le temps et l’espace; la terre natale pour nous, donc, s’est toujours manifester dans le souffle entre les mots à haute voix. | La culture orale peule coule alors dans mes veines et dans ma voix depuis ma plus tendre enfance. J’ai été bercé par ses proverbes et ses aphorismes, ses contes et ses dictons. Très tôt mes textes de Rap et de Spoken Word se sont inspirés de cette parole, de ces proverbes riches de sens et de chance, ces aphorismes qui font que les peuls n’ont pas de pays mais ils ont une culture forte qui s’adapte à tous les environnements et reste presque intacte à travers le temps et l’espace; la terre natale pour nous, donc, s’est toujours manifester dans le souffle entre les mots à haute voix. |
Actuellement, quand on parle de la culture orale, on a tendance à la mettre en opposition avec la culture écrite; mais au contraire, la culture peule semble plus écrite que jamais car les peuls du Fouladou installés à Bordeaux créent une association « Dental Fouladou » pour se réunir et partager les trésors de leur culture d’origine. Puis ils décident de créer une autre association « Kawtal janggobe Pulaar » pour enseigner et étudier le Pulaar à Bordeaux et pour que leur langue maternelle survive en Gironde et sensibiliser les peuls de Bordeaux et de ses environs à la nécessité d’enseigner et d’étudier le Pulaar pour eux et leurs enfants. Ils reçoivent des livres écrit en Pulaar du Caire, de Mauritanie. Ceux qui savent lire et écrire enseignent à ceux qui n’ont eu qu’une formation de berger, puis d’ouvrier et qui ne sont jamais aller à l’école. Les cours de Pulaar ont été aussi important pour les parents que pour leurs enfants. | |
Ils se cotisent et commandent des livres écrit en Pulaar qui sont imprimés au Caire en collaboration avec Yero Dooro Diallo. Il finisse par invité un “professeur de Peul”, Djiggo Tafsirou, enseignant à l’Université du Caire pour qu’ils aillent plus loin dans l’apprentissage de leur propre langue et pour qu’il forme des “professeurs de Peul” sur place à Bordeaux. | Ils se cotisent et commandent des livres écrit en Pulaar qui sont imprimés au Caire en collaboration avec Yero Dooro Diallo. Il finisse par invité un “professeur de Peul”, Djiggo Tafsirou, enseignant à l’Université du Caire pour qu’ils aillent plus loin dans l’apprentissage de leur propre langue et pour qu’il forme des “professeurs de Peul” sur place à Bordeaux. |
Ces même défenseurs de la culture orale dont la plupart étaient illettrés, décident alors de créer un grand congrès à Bordeaux, à La Clairière Des Aubiers, le quartier où j’ai grandi, pour l’unification de la langue peule. Ce congrès, une contribution historique à la langue écrite Peule, était dirigée par ces mêmes illettrés promouvant la culture orale, tout en reconnaissant que la culture orale et la culture écrite ne sont pas en opposition, mais peuvent cohabiter et grandir ensemble. | |
Ces enregistrements de cassettes audio de mon père, qui ont commencé pour que les liens familiaux entre Bordeaux et Dakar se maintiennent et qui a continué pour promouvoir la valeur de cette oralité, a beaucoup imprégné mon art – du Rap au Spoken Word. En meme temps que cette forme d’oralite ancestrale s’est transformée en forme contemporaine au sein de mon travail, la culture écrite Peule a pris une place centrale à travers l’unification de la langue écrite Peule. | |
Le postulat répandu selon lequel la culture orale souffre avec l’introduction de la technologie et de la culture écrite, en y incluant le point de vue de de Walter J Ong, dans ce cas, n’est pas une appréciation tout à fait juste; pour les Peuls de Fouladou, la culture orale a assuré la propagation de la langue écrite Peule à travers la communauté mondiale des Peuls, qui s’étend a travers toute la ceinture du Sahel et aujourd’hui sur la planète entière. C’est grâce, donc, a l’oralité que la langue Peule connait un renouveau dans le monde. | |
La croissance de l’alphabétisation en Peul ne remplacera jamais la culture orale Peule; elles grandissent ensemble sur des voies parallèles. Pendant que les formes de l’art griotique se transforment avec les formes modernes comme le Rap et le Slam, toujours en reconnaissant le rôle des archives et de la technologie pour les préserver, la langue Peule s’unifie et se propage a travers le monde. | |
• To comment on this article, click here | • To comment on this article, click here |